Chapelle Notre-Dame de la Fontaine

Il y a maintenant plus de 700 ans, la ville de Chièvres fut marquée par un évènement peu commun. En effet, au XIIe siècle, à proximité de l’église paroissiale, une source alimentait une fontaine près de laquelle croissait un sureau. Selon l’histoire de Chièvres, l’image de la Vierge serait apparue sur cet arbre. Eve de Chièvres, dernière descendante de la famille d’Alsace, demanda la construction d’une chapelle près du sureau en vue de protéger l’image exposée aux intempéries. Aujourd’hui, les chiévrois identifient cette image sous le nom de Notre-Dame de la Fontaine ou de Notre-Dame du sehu (= sureau en patois local).

Vers 1130, en raison de la dévotion grandissante des habitants, Eve fit instituer une procession annuelle le jour de la Pentecôte en l’honneur de Notre-Dame de la Fontaine, première procession alors en vigueur. La décision fût acceptée en 1154 par l’évêque de Cambrai. En 1570, une procession fut crée suite à la guérison d’un enfant de Lens, âgé de 10 ans, Nicolas Populaire, qui fut l’objet des bienfaits de la Vierge. Durant toute sa vie, il assista à la procession. Les habitants de Lens l’accompagnaient dans son pèlerinage et offraient un cierge à Notre-Dame de la Fontaine. Cette coutume s’est poursuivie jusqu’en 1914, les habitants de Lens assistaient nombreux à la procession. Aujourd’hui cette procession se déroule le dimanche dans l’octave de l’Ascension, soit le 5 juin de cette année 2011. Celle-ci a pour la première fois été instaurée le 14 mai 1893 en l’honneur de l’inauguration de la nouvelle chapelle Notre-Dame, de style néo-gothique.

Notre-Dame de la Fontaine reste connue pour ses nombreux miracles entre autre pour la guérison d’enfants malades. Un fait témoigne de la dévotion envers Notre-Dame, il s’agit de : la chapelle. Après la construction demandée par Eve de Chièvres, plusieurs étapes se sont succédées dans l’élaboration de la bâtisse. En 1315, un malade guéri de la goutte, fait ériger une nouvelle chapelle en l’honneur de Notre-Dame. En 1326, vient l’édification d’un nouveau bâtiment. Un nouvel agrandissement intervint en 1632 grâce au soutien du Duc d’Havré. Lors de la révolution française, en 1798, la chapelle fut vendue et détruite. La statue miraculeuse fut retrouvée dans les décombres et déposée sur un autel latéral dans l’église Saint-Martin.

Il fallut attendre l’an 1830 pour que les plans d’une nouvelle chapelle soient élaborés par le prêtre architecte l’abbé Vital Duray. Cet édifice est de style néo-gothique. En forme de croix latine, elle se compose d’une nef, d’un chœur semi-hexagonal et d’un transept couronné à la croisée d’une flèche pyramidale. Le bâtiment fut béni en 1893. L’architecture néo-gothique se caractérise par l’utilisation d’arcs brisés, de rosaces et par la croisée d’ogive intérieure. Les matériaux utilisés sont typiques de l’architecture régionale, c’est-à-dire d’un mélange de pierres et briques avec chaînage d’angles.

La chapelle actuelle accueille en son sein l’image de Notre-Dame de la Fontaine. Celle-ci est une reproduction du XIXe siècle. En effet, la statue romane en pierre blanche polychromée d’origine, datée du XIe au XIIe siècle, a disparu. Les circonstances de ce fait demeurent floues. La statue actuelle se tient comme suit:
Marie est assise sur un trône massif, l’air impassible, hiératique, elle tient son Fils sur ses genoux. Celui-ci a la taille d’un enfant, mais il arbore le costume et l’attitude du Christ en majesté. Ce type de représentation est le plus ancien en occident : il fait de Marie son « Trône de Sagesse ». Ce type d’iconographie se retrouve fréquemment sur les tympans des cathédrales, surtout à partir du XIe siècle.
La Vierge est vêtue de bleu et de rouge. Le bleu est la couleur de l’humilité, elle nous rappelle le travail, couleur du Jeans. Le rouge est la tonalité de la royauté ou plus appropriée ici, de la Passion. Le Christ, Fils de Dieu, dispose d’un corps d’enfant, et d’un visage d’homme mûr. Il maintient un oiseau dans ses mains. Il est Dieu Trinitaire : à la fois Père, Fils et Esprit. Les trois images sont représentées. L’oiseau que le Christ tient dans sa main est rouge, il s’agit peut-être d’un rouge-gorge. Cet oiseau fait souvent référence à la Passion du Christ.
Quant à Marie, elle tient une fleur dans sa main droite, l’anémone qui représente l’éphémère. En effet, dans la nature, la fleur s’épanouit puis se fane, sa vie est de courte durée. Quand on compare cette fleur a Marie, on sait qu’elle est heureuse parce qu’elle a eu un fils. Mais elle sait que son bonheur sera de courte durée puisque celui-ci donnera sa vie sur la croix pour réparer les péchés des hommes.

Emilie Nisolle

Bibliographie: M. VAN HAUDENARD, Histoire de la ville de Chièvres, Bruxelles, 2ème éd., 1933 – M. VAN HAUDENARD, Histoire de Notre-Dame de la Fontaine, vénérée dans la ville de Chièvres, Delzenne, Chièvres, s.d.